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Mythes et légendes urbaines du monde entier

Mythes et légendes urbaines et autres faits paranormaux du monde entier à faire froid dans le dos, à découvrir ou a redécouvrir sous un nouvel œil

Tous les mythes amoureux en occident sont tristes pathétiques et violents

Publié le 3 Décembre 2022

Tous les mythes amoureux en occident sont tristes pathétiques et violents

Le carrefour dans le folklore et la mythologie possède une riche et ancienne tradition. Depuis l'Antiquité et peut-être le Néolithique, le carrefour est un lieu inquiétant, voué aux puissances surnaturelles et qui joue un rôle important dans l'histoire de la mythologie mondiale, du folklore et de la sorcellerie comme on le voit dans d'innombrables contes et légendes. Dans la Grèce antique, Hécate était à la fois la déesse des carrefours et de la magie. Plus tard, au Moyen Âge, c'est un des lieux favoris du sabbat des sorcières et de rencontre avec des êtres surnaturels. Sa sinistre réputation lui vaut de devenir un lieu d'exécution capitale et de sépulture infamantes. Depuis sa création, l'église catholique cherche à conjurer ces lieux diaboliques en les christianisant et marquant sa présence par des croix chrétiennes (qui présentent d'ailleurs une forme de carrefour).

La sombre réputation du carrefour se perpétue par des légendes et des traditions jusqu'à nos jours, mais c'est aussi un endroit poétique, celui de la rencontre inattendue, du choix, de l'incertitude et du destin qui peut s'y jouer.

Le carrefour dans les mythologies
Antiquité mésopotamienne
Dès l'épopée de Gilgamesh écrite en akkadien du xviiie au xviie siècle av. J.-C., le carrefour est un symbole néfaste et sale. Quand Enkidu, sur son lit de mort, maudit la prostituée Shamhat, il lui lance : « Que le carrefour (du quartier) des potiers soit l’endroit où tu t’assoies ».

S'il n'y pas de divinité connue des carrefours, des pratiques magiques sont attestées aux carrefours dès l'Antiquité mésopotamienne. À l'instar d'un égout ou d'un pont, le carrefour que l'on piétine est considéré comme un lieu sale. C'est à ce titre qu'il peut être choisi pour enterrer une figurine d’envoûtement dont certaines ont été retrouvées5.

Mythologie grecque


Hercule au carrefour, hésitant entre le Vice et la Vertu, gravure anonyme de 1497
Dans la mythologie grecque, Hermès, dieu des voyageurs est parfois associé aux carrefours. Il était en effet de coutume de placer des empilements de pierres en son honneur aux carrefours : chaque voyageur ajoutait une pierre à l'édifice. Ces tas de pierres ont été peu à peu supplantés par des bornes en pierre de forme phallique placées le long des routes, pour aboutir à la forme équarrie et quadrangulaire des hermès, surmontés de la tête du dieu et portant, en leur centre et en relief, ses attributs virils. Théophraste dans ses Caractères décrit le rituel que le superstitieux pratique sur les « pierres ointes qu'on trouve aux carrefours ; il y déverse l'huile de sa fiole, tombe à genoux et ne s'éloigne qu'après s'être prosterné dans l'adoration ».

Le carrefour est aussi le lieu du choix à prendre, de la rencontre avec le destin. C'est à un carrefour qu'Œdipe rencontre et tue son père Laïos, accomplissant ainsi la première partie de son funeste destin.

C'est à un carrefour qu'Héraclès est soumis à son fameux choix, écrit par Prodicos de Céos et rapporté par Xénophon, où il doit choisir entre l’Excellence et le Vice.

Hécate, la sombre déesse des carrefours


Triple statuette d'Hécate au Rijksmuseum van Oudheden
Dans l'Antiquité grecque, le carrefour est un lieu dangereux et magique, lié à la déesse Hécate. Déesse mystérieuse et complexe, les Grecs semblaient distinguer deux Hécate : Hécate simple, bonne et aimable et Hécate triple, sombre déesse de la nuit, de la mort et des maléfices. Les deux Hécate coexistaient et fusionnaient parfois avec la déesse Artémis ou Diane, comme un aspect d'une triple déesse, connue sous le nom de Diana triformis : Diana, Luna et Hécate. Pour ne rien simplifier, les cultes et les représentations variaient selon les lieux et les époques. Citons également Énodie, déesse des chemins et des carrefours ; souvent confondue avec Hécate (ou Artémis).

Sous la forme de l'inquiétante Hécate triple elle était honorée comme la déesse des carrefours. On y dresse sa statue, sous la forme d'une femme à trois corps ou bien d'une femme à trois têtes. Divinité chtonienne, liée aux morts, elle reliait les enfers, la terre et le ciel. « Reine des carrefours, où les voyageurs hésitent sur leur route, en proie aux mauvais esprits, tandis que la simple Hécate les encourage et les guide avec bienveillance, la triple Hécate leur envoie les fantômes et les monstres terrifiants de la nuit ». Elle est aussi la déesse de l'ombre, qui suscite les cauchemars et les terreurs nocturnes, ainsi que les spectres et les fantômes. Elle est la magicienne par excellence et la maîtresse en sorcellerie à qui font appel tous les magiciens. Hécate était également la reine des esprits des morts, présente aux tombeaux et au foyer, là où les peuples préromains ont enterré leurs ancêtres. La nuit, elle apparaissait aux carrefours, suivie de son cortège d’esprits volant à travers les airs et de ses chiens terrifiants et hurlants. À cause de ces bruits, elle était surnommée Brimo (la rugissante). Virgile l'évoque dans son Énéide : « et Hécate, que l'on invoque en hurlant la nuit aux carrefours des cités ».

Le culte des carrefours
Le culte d'Hécate permettait de l'apaiser et de la rendre favorable. Au moment de la nouvelle lune on lui sacrifiait de la nourriture et on lui immolait des chiens car l'animal qui hurle à la lune est le préféré de la déesse. D'autres cérémonies mystérieuses lui étaient consacrées, rappelant les mystères d'Éleusis. « Le culte des carrefours était aussi répandu dans le monde romain que dans le monde grec. Les paysans célébraient là, en l'honneur d'Hécate, des cérémonies mystiques, mêlées de hurlements et de lamentations. Son image s'y dressait en bonne place, quelquefois avec des inscriptions dont quelques-unes semblaient réduire la déesse à des rôles assez humiliants. Les auteurs latins nous montrent surtout dans Hécate la déesse infernale. C'est vraiment la reine des royaumes d'en bas, elle domine les ombres, les réfrène et prépose des gardiens aux portes des Enfers ».

C'est au moins depuis le culte de cette déesse qu'est associé le carrefour à la magie et à la sorcellerie.

Mythologie romaine
Les Lares sont des divinités romaines présentes dans l'ensemble de l'espace vital des humains, en particulier du foyer. Mais ils surveillent également les points géographiquement importants pour la collectivité, en particulier les carrefours. De grossières statues de bois les représentent. Ils sont les fils de Mercure et de Lara. Le terme romain pour désigner un carrefour est compitum, protégé par les Lares Compitales, ils sont les Lares des communautés locales ou des voisinages (vici), honorés lors des fêtes de Compitalia. Leurs sanctuaires étaient en général situés aux carrefours centraux (compites) des voies romaines, et ils représentaient le foyer de la vie religieuse et sociale de leur communauté, particulièrement pour les plébéiens les plus pauvres et les esclaves. Ils furent particulièrement honorés dans l'Hispanie romaine.

Lieu populaire de passage et de magie, c'est aux carrefours que s'implantaient à Rome des charlatans de toute sorte, notamment les haruspices de carrefour (haruspices vicani).

Traditions gauloises
On connait les noms latinisés de trois divinités gauloises qui étaient les gardiennes des carrefours respectivement à deux, trois et quatre branches : Biviae, Triviae et Quadriviae, représentées par groupe de deux, trois et quatre, avec leur serpent familier, sur des vases gallo-romains ornés de reliefs.

Par ailleurs, on connaît Lug, le dieu des voyageurs et Épona, déesse des chevaux et des mules dont plusieurs stèles ont été retrouvées au niveau des carrefours, des relais de poste et des écuries.

Tradition biblique et judaïque


Carrefour entre la voie étroite et la voie large
Le roi de Babylone semble lui aussi penser que le carrefour est un endroit favorable à la magie comme le rapporte Ézéchiel  : « Car le roi de Babylone se tient au carrefour, à l'entrée des deux chemins, pour tirer des présages ; il secoue les flèches, il interroge les théraphim, il examine le foie » (Ézéchiel 21:26).

Dans l'Évangile selon Matthieu l'homme au carrefour de sa vie doit choisir entre deux chemins, rappelant le choix d'Heraclès : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7:13).

Dans le Talmud il est écrit que si l'on rencontre deux femmes placées de chaque côté d'un carrefour et se regardant l'une l'autre, le mieux est de prendre un autre chemin, car ce sont des sorcières (Pessahim, 111a).

Afrique
Soba est le génie des carrefours pour les Bambaras, une ethnie du groupe Malinké de l'Afrique de l'Ouest, établis principalement dans le Sud de l'actuel Mali.

Asie
Inde et hindouisme
Dans des contes bengali se retrouve la notion d'impureté du carrefour : la poussière qui y est prélevée sert à de la magie noire. Le carrefour de trois chemins étant considéré comme le lieu où résident des esprits malfaisants.

Dans un récit mythologique, les fils de Brhadratha, deux jumeaux monstrueux sont jetés ignominieusement à un carrefour par les sages-femmes effrayées après l'accouchement.

Les carrefours à sept chemins sont un lieu favorable à la sorcellerie dans la culture magar du Népal.

Sud-Est asiatique
Chez le peuple Lolo (groupe ethnique de Chine, du Viêt Nam et de Thaïlande), la sorcière se place à un carrefour, dessine sur la terre des signes cabalistiques avec la cendre du foyer, puis tue une poule dont elle répand le sang, et, s'emparant d'un tambour, l'agite et le frappe en murmurant ses incantations.

Mythologie shintoïste du Japon
Les kami japonais des carrefours, des routes et des sentiers étaient à l'origine des dieux phalliques et c'est pourquoi des symboles phalliques, bâton ou une pierre dressée, étaient souvent placés aux carrefours, faisant un lien étonnant avec les hermès de l'Antiquité grecque. Plusieurs de ces dieux sont collectivement employés pour protéger les routes et les voyageurs. Chimata-No-Kami en particulier est le kami des carrefours des routes et de la croisée des chemins. À l'origine il était un dieu phallique dont le symbole ornait les carrefours. Il serait né quand Izanagi se débarrassa de sa culotte (mihakama) après sa visite dans le monde des morts (Yomi) à la recherche d'Izanami. Ici aussi, le lien entre le dieu des carrefours et le monde des morts rappelle étrangement la divinité grecque Hécate. Le bouddhisme a cherché à combattre cette pratique et a remplacé les symboles phalliques par des images en bois de Mikado-Daimyojin.

Vaudou des Antilles et d'Amérique
Plusieurs divinités Vaudou sont associées aux carrefours : Ayizan est à Haïti la déesse patronne des marchands, veillant sur les marchés, les places publiques, les carrefours et les routes. Dans le Vaudou des États du Sud des États-Unis, il existe un Lwa (esprit) nommé Labas, Legba ou Papa Legba (d'origine Fon du Dahomey) dont le nom le plus connu est Maître carrefour. Kalfou ou Kalfu est un dieu formant la contrepartie de Papa Legba dans le rite Petro à Haïti, appelé souvent Maître Carrefour (Mèt Kalfou).

Carrefour et mégalithes


Vue du menhir Croce di Sant'Antonio au milieu du carrefour en 2011
Les auteurs ont depuis longtemps noté la conjonction entre les croisements de voies et la présence de monuments néolithiques mégalithiques. Ces monuments sont tellement anciens qu'il est souvent impossible de savoir s'ils ont été dressés auprès d'un ancien carrefour ou si leur présence a incité au passage de routes à leur proximité. Quoi qu'il en soit, leur présence mystérieuse a depuis toujours favorisé les légendes et les superstitions.

Certains menhirs ont été affublés d'une croix en leur sommet, devenant des supports de croix de carrefour, cherchant à assurer la domination de la religion catholique sur les superstitions et éloignant les influences jugées doublement maléfiques du carrefour et d'un monument païen.

Quelques mégalithes liés à des carrefours
Mégalithes du Carrefour de la Grande Lune au sud de la forêt de Rennes, dans le département d'Ille-et-Vilaine à Liffré, (48° 10′ 43″ N, 1° 35′ 02″ O)
Pierre Poujinaire : menhir situé au carrefour d'une ancienne voie romaine, situé à Riom dans le département français du Puy-de-Dôme (45° 52′ 50″ N, 3° 07′ 32″ E)
Le menhir Croce di Sant'Antonio est un menhir datant du Néolithique ou de l'Âge du bronze situé près de Muro Leccese, commune de la province de Lecce, dans les Pouilles en Italie. Il a aujourd'hui l'aspect d'une colonne et se trouve au centre d'un carrefour. (40° 05′ 42″ N, 18° 21′ 13″ E).
La Pierre des douze Apôtres de Meisenthal, menhir christianisé sur la commune française de Meisenthal dans le département de la Moselle, au niveau d'un carrefour de voies anciennes (48° 57′ 15″ N, 7° 22′ 05″ E).
Le menhir d'Itaida, est un mégalithe datant du Néolithique ou de l'Âge du bronze situé dans les environs de Salvatierra-Agurain, dans la province d'Alava, au Pays basque. Il est situé près d'un carrefour où se trouve le chemin qui va du col d'Opakua à Urbasa (42° 48′ 47″ N, 2° 16′ 44″ O).
Le menhir d'Eilsleben, est un mégalithe datant du Néolithique situé près de la commune d'Eilsleben, en Saxe-Anhalt (Allemagne). Le menhir est situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Magdebourg, il a été déplacé de son emplacement d'origine qui se trouvait à environ 150 m plus loin, à un ancien carrefour (52° 08′ 29″ N, 11° 13′ 40″ E).
La stèle de Beaulieu, est une stèle protohistorique du iie siècle av. J.-C., située à Clermont-Ferrand dans le département du Puy-de-Dôme. La pierre se trouve à quelques dizaines de mètres, au sud-est du carrefour des routes départementales 772 (rue Élisée-Reclus) et 766 (avenue du Brézet), et à quelques mètres de la route, sur le terre-plein délimité par l'ancienne route, dans la végétation clairsemée (45° 46′ 42″ N, 3° 08′ 54″ E).
Christianisation des carrefours


Croix de carrefour dans la Saxe en Allemagne
Les pratiques païennes aux carrefours ne disparaissent pas après la chute de l'empire romain en Gaule : dans un sermon datant du vie siècle où il cherche à convaincre ses ouailles d'abandonner les pratiques du paganisme, Césaire d'Arles évoque le carrefour : « Tu ne prononceras pas de vœux et tu n'allumeras pas de torche en ces lieux ». Vers la même époque, Martin de Braga écrit : « Alors pourquoi certains d'entre vous qui ont renoncé au diable et à ses anges, ses prières et ses mauvais faits reviennent l'adorer ? Pour allumer des bougies sur les rochers, les arbres, les fontaines et les carrefours. Qu'est-ce si ce n'est de l'adoration du diable ? ». Il dénonce également la tradition toujours vivante de former des cairns dédiés à Hermès/Mercure aux carrefours : « Un autre s'appelle Mercure, l'inventeur de tous les larcins et de toutes les supercheries à qui les hommes cupides font des sacrifices comme s'il était le dieu du profit, formant des piles de pierres quand ils passent aux carrefours ».

L'Église cherche donc à combattre les influences diaboliques et les anciennes traditions païennes en plantant des croix aux carrefours. On peut remarquer un ressemblance entre certains symboles chrétiens (Croix (christianisme) et la représentation d'un croisement de deux chemins, d'un carrefour à quatre voies. En Flandre, on suspend des images de saints dans les carrefours afin d'en éloigner les maléfices, pratique considérée comme superstitieuse par l'Église.

Tous les mythes amoureux en occident sont tristes pathétiques et violents
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